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LES MODES M0, M1, M2 ET M3, C'EST QUOI?

ISO 13655:2017 DEMISTIFIE

L'ISO 13655 définit les besoins en équipements de mesure spectrale pour l'industrie des arts graphiques. Elle fait référence aux normes internationales ISO 5-2 et ISO 5-4 pour les mesures de densité et à la CIE15 pour la terminologie générale de la colorimétrie. Il existe des conditions préalables qui doivent être remplies par les instruments, quel que soit le mode de mesure.

Une condition préalable importante est le respect de la géométrie de mesure. La norme ISO 13655:2017, comme indiqué, fait référence à la norme ISO 5-4 qui définit sans ambiguïté qu'une seule des quatre géométries suivantes peut être utilisée :

  • Annulaire à quarante-cinq degrés : normale 45°a:0°.
  • Circonférentielle à quarante-cinq degrés : normal 45°c:0°.
  • Normal : quarante-cinq degrés annulaire 0°:45°a
  • Normal : quarante-cinq degrés circonférentiel 0°:45°c

Aucune autre géométrie n'est recommandée.

Figure 1: Illustration des différentes géométries de mesure et des effets directionnels qui en résultent en termes de différences de couleur.

 

ISO 13655:2017 Annexe C explique:

Si, toutefois, la détection et/ou l'irradiation sont limitées à un seul angle azimutal, les effets de direction et de texture sont accentués. Ces géométries sont dépréciées dans l'ISO 5-4 et donc dans la présente Norme 13655:2017. Elles sont connues sous le nom de "directionnelle à quarante-cinq degrés : normal" et "normal : directionnelle à quarante-cinq degrés".

En d'autres termes, lorsque des instruments à géométrie directionnelle sont utilisés, les résultats dépendent fortement de l'angle de mesure. En tournant le spectrophotomètre d'un certain degré, le même échantillon donnera des lectures différentes. Cet effet s'accentue avec l'augmentation de la texture de surface et sur les papiers non couchés, une différence de couleur de plus de dE*ab = 3 peut être constatée.

Question: Comment les utilisateurs peuvent-ils savoir si un instrument donné est conforme aux exigences géométriques de la norme ISO 13655

Réponse: La fiche technique d'un instrument indique généralement la géométrie. Si celle-ci n'est pas "45°a:0°" ou "45°c:0°" (ou l'inverse) mais seulement 45:0, il est probable que les exigences ne soient pas satisfaites. La déclaration de conformité à la norme DIN 5033 ne signifie pas non plus que l'instrument est conforme à la norme ISO 13655. La norme DIN 5033 décrit simplement toutes les géométries de mesure existantes.

Figure 2: Illustration du concept général pour définir une nouvelle méthode de mesure pour l'ISO 136555.

 

Une fois les conditions préalables de la géométrie de mesure remplies, un instrument conforme à la norme ISO 13655:2017 peut se conformer à 4 modes de mesure différents. Ces modes ont été développés en raison de différents besoins et applications. Ils sont appelés M0, M1, M2 et M3.

Figure 3: Illustration du concept général pour définir le nouveau mode de mesure pour l'ISO 136555.

M0: " LE MODE COMPATIBILITE "

D'un point de vue purement technique, M0 est un mode de mesure obsolète. Historiquement, les instruments utilisés dans l'industrie des arts graphiques n'utilisaient pas de source lumineuse avec un contenu UV défini et/ou stable. M0 en tant que norme exprime le fait que la majorité des instruments utilisent une lampe au tungstène remplie de gaz pour éclairer les échantillons plutôt que D50 et que les utilisateurs acceptent donc une faiblesse connue.

Le problème de la teneur en UV instable et indéfinie est que lors de la mesure d'échantillons fluorescents tels que les papiers contenant des azurants optiques, la réponse de la mesure n'est pas en corrélation avec l'environnement visuel dans lequel le produit imprimé est utilisé. Bien que de nombreux utilisateurs aient choisi de l'ignorer, la teneur en UV d'une lampe à tungstène remplie de gaz change également avec le temps, ce qui signifie que les mesures ne sont pas fiables.

Pour des raisons de compatibilité avec les mesures réalisées avec des instruments anciens (ne prenant pas en charge les nouveaux modes de mesure), les instruments MYIRO offrent le choix du mode de mesure M0. Dans ce cas, la distribution spectrale de l'illuminant A de la CIE (recommandé par la norme ISO 13655:2017 pour M0) est utilisée pour éclairer l'échantillon. Grâce à la stabilité du contenu UV des instruments MYIRO, les utilisateurs peuvent au moins compter sur des mesures stables dans le cas où M0 doit être utilisé pour des raisons de compatibilité.

A retenir: 

M0 = source lumineuse indéfinie. Si vous mesurez des échantillons avec des azurants optiques, vous devez être conscient des inconvénients.

Figure 4: Illustration simplifiée du mode de mesure M0 utilisé dans des conditions d'éclairage normalisées D50.

Les paragraphes suivants expliquent M2 et M3 avant les détails concernant M1 qui nécessite plus d'explications.

M2: "UV-CUT"

Le mode de mesure M2 a été normalisé afin de refléter des conditions d'observation exemptes de tout contenu UV, comme dans un musée. C'est pourquoi il est souvent appelé "UV-Cut". Dans le passé, les spectrophotomètres équipés d'un filtre UV-Cut étaient utilisés pour ignorer l'effet des azurants optiques. On pensait que cela faciliterait le calcul des profils ICC puisque le métamérisme introduit par les UV n'affectait pas les mesures. L'idée fausse selon laquelle les azurants optiques perturbent les mesures de couleur est toujours présente chez les utilisateurs (et dans une certaine mesure chez les fournisseurs), en effet de nombreuses machines d'impression numérique sont encore livrées avec des instruments avec filtre UV.

Figure 5: Papiers de production typiques dans des environnements avec différents niveaux d'UV.

 

Les azurants optiques emmettent une lumière bleutée qui dépend de la teneur en UV de l'environnement d'observation (et de la source lumineuse de l'appareil de mesure). Si un instrument avec filtre UV (UV-Cut) donne des résultats plus agréables qu'un instrument équipé d'une lampe au tungstène, c'est simplement que la teneur en UV de l'environnement d'observation est plus proche des UV coupés que de la teneur en UV d'une lampe au tungstène remplie de gaz.

Mais il est fort probable que l'environnement ne soit pas exempt d'UV (à moins que vous ne travailliez à côté de la Joconde). Le M2 n'est donc pas la solution appropriée pour la plupart des applications et il n'est normalisé que pour refléter les conditions d'observation sans UV.

Les instruments MYIRO offrent le choix du mode de mesure M2. Dans ce cas, la définition d'un filtre anti-UV de la norme ISO 13655:2017 est respectée.

A retenir : 

M2 = UV-Cut. Il n'est utile que pour les environnements sans UV (comme un musée par exemple).

Figure 6: Illustration simplifiée du mode de mesure M2 utilisé dans des conditions d'éclairage normalisées D50.

M3: " POUR LES IMPRIMEURS OFFSET "

Un des défis auquel sont confrontés les imprimeurs offset est de contrôler les feuilles humides pendant la production, alors que le client final receptionnera une impression sèche. La plus grande différence entre une feuille humide et une feuille sèche est la brillance. Le mode de mesure M3 permet de prédire la densité d'une feuille sèche à partir de la mesure d'une feuille humide. Pour ce faire, on utilise deux filtres de polarisation, qui minimisent la différence de brillance.

A retenir : 

M3 = Filtre de polarisation. Nécessaire pour les imprimeurs offset. Certains fabricants d'encre utilisent également le mode M3 pour la recherche de teintes.

M1: " LE MODE ATTENDU DEPUIS TOUJOURS "

L'industrie des arts graphiques utilise des conditions d'observation normalisées afin de minimiser les problèmes lors de la communication des couleurs. La norme pertinente est l'ISO 3664, qui spécifie l'illuminant CIE D50. Depuis 2009, la teneur en UV de D50 doit être respectée dans des tolérances plus étroites qu'auparavant. 

Afin de s'assurer que les azurants optiques "brillent" dans la même mesure lorsqu'ils sont éclairés pendant une mesure de couleur (par un spectrophotomètre par ex.) que dans un environnement de visualisation D50 (un pupitre de lumière standardisée par ex.), l'ISO 13655 a introduit le mode de mesure M1. La conformité au mode M1 peut être obtenue de deux manières.

M1 : "Le mode attendu depuis toujours".

Figure 7: Illustration simplifiée du mode de mesure M1 utilisé dans des conditions d'éclairage normalisées D50.

 

Méthode 1 : Correspondance des illuminants 

M1 peut être atteint en utilisant une source lumineuse qui répond aux exigences de la norme ISO 3664:2009. Cela signifie simplement que si vous intégrez une source de lumière standardisée dans le spectrophotomètre, elle est conforme à M1 (mais n'oubliez pas la condition préalable de la géométrie). Cela semble simple mais n'est pas réalisable en pratique.

Le choix évident d'utiliser la même source lumineuse que celle utilisée dans la plupart des cabines de visualisation ne peut pas être réalisé car il s'agit le plus souvent de lampes fluorescentes qui ne peuvent pas être intégrées dans un spectrophotomètre. De plus, elles ne correspondent pas parfaitement à l'illuminant CIE D50 (approximation dans des tolérances définies).

Une autre possibilité pour atteindre le D50 est d'utiliser une combinaison de différentes LEDs, qui produisent un spectre D50. En pratique, un problème se pose lorsqu'on essaie de reproduire le contenu UV du D50, car les LED actuelles ne sont pas capables de reproduire parfaitement le contenu UV de D50.

La dernière solution technique présentée pour obtenir le D50 comme éclairage physique consiste à utiliser des sources lumineuses filtrées pour imiter la distribution spectrale de puissance du D50. L'avantage de cette technique est qu'elle permet d'obtenir une correspondance étroite avec la D50. Elle devrait également permettre d'obtenir des mesures correctes pour les échantillons qui présentent une fluorescence active dans le domaine des longueurs d'onde visibles (quelques encres et toners présentent ce comportement dans une certaine mesure). L'inconvénient est que la source lumineuse peut ne pas être stable en termes de contenu UV et que la fiabilité dans le temps doit donc être remise en question.

En outre, nous devons nous demander si le D50 parfait est vraiment la meilleure solution à utiliser dans un appareil de mesure. Normalement, nous ne disposons pas d'un D50 parfait comme condition de visualisation, mais seulement d'une simulation dans les limites de la tolérance. Les avantages théoriques peuvent donc difficilement être transférés à l'utilisation pratique. La façon de surmonter ce problème sera expliquée plus loin dans ce document.

Méthode 2: Calcul des UV 

La deuxième possibilité de se conformer au mode de mesure M1 est liée à la nature des azurants optiques. Les azurants optiques absorbent l'énergie UV (dans l'invisible) et émettent une lumière bleue dans le visible. Pour mesurer l'effet d'un azurant optique, il est parfaitement suffisant d'assurer une corrélation entre l'excitation de l'azurant pendant la mesure et dans l'environnement d'observation souhaité. Ceci est décrit au moyen du rapport entre le contenu UV et le contenu visible dans la norme ISO 13655:2017.

En d'autres termes : Assurez-vous que pendant la mesure, l'azurant brille aussi "bleuâtre" que dans votre environnement de visualisation souhaité.

Cet objectif peut être atteint de différentes manières. Certaines méthodes sont décrites dans la littérature disponible. Deux d'entre elles seront abordées dans ce qui suit.

Comme nous l'avons vu, un azurant optique absorbe l'énergie UV et émet cette énergie sous forme de lumière bleue. Si nous souhaitons mesurer la quantité d'émission pour un certain illuminant de référence, nous devons nous assurer que la source lumineuse de l'appareil de mesure a suffisamment d'énergie dans la zone de longueur d'onde où l'azurant optique est actif.

Si vous pouviez effectuer deux mesures, l'une utilisant uniquement de l'énergie UV, pour donner une fluorescence pure, et l'autre sans énergie UV pour donner une réflectance pure, il serait donc possible de calculer le facteur de radiance totale résultant (souvent appelé facteur de réflectance bien qu'il soit la combinaison de la réflectance et de la fluorescence).

Le problème est que cette méthode repose sur l'existence d'une source de lumière exclusivement UV. Les LED UV disponibles aujourd'hui ont une distribution spectrale de puissance variable et émettent également de la lumière visible. Ainsi, non seulement la fluorescence mais aussi la réflectance (causée par la lumière visible émise par la LED-UV) sont mesurées et introduisent des erreurs dans le modèle sous-jacent. Les instruments réels utilisant cette méthode souffriraient d'une erreur de mesure variable.

VIRTUAL FLUORESCENCE STANDARD (VFS)

Mesurez comme vous percevez les couleurs (Measure as we see)

La deuxième méthode fonctionne de manière similaire mais ne repose pas sur l'existence d'une source de lumière UV pure. Lors de l'utilisation de la technologie Virtual Fluorescence Standard, la composante UV d'un échantillon est excitée par deux sources lumineuses dont l'énergie UV est très différente et ce, de manière consécutive (en quelques millisecondes et non visible par l'utilisateur). Si l'échantillon présente une fluorescence, les facteurs de gradiance résultants (le "résultat de la mesure") seront différents. Grâce à cette méthode, il est facile de distinguer la fluorescence, de la réflectance.

En incorporant le contenu UV de l'environnement d'observation final, il est possible de calculer le facteur de radiance totale correct. L'avantage évident de cette méthode est qu'elle ne repose pas sur des sources lumineuses (uniquement UV) peu pratiques ou inexistantes. Les instruments MYIRO mesurent et stabilisent les sources lumineuses qu'ils utilisent et le fait de disposer d'une base stable pour le calcul garantit des mesures stables et répétables, même si les sources lumineuses physiques diffèrent d'un instrument à l'autre.

Figure 8: Principe de fonctionnement du brevet "Virtual Fluorescence Standard".

 

Un autre avantage des instruments MYIRO concerne les environnements de visualisation réels. Même si des sources lumineuses normalisées sont utilisées, les cabines de lumière standardisées disponibles dans le commerce sont conformes à la norme ISO 3664:2009 mais ne reproduise pas un D50 parfait. En utilisant le VFS, il est facile de mesurer et quantifier les caractéristiques spectrales de la cabine et d'utiliser alors son spectre réel comme source lumineuse du MYIRO-1, ou MYIRO-9.

En utilisant le MYIRO-1, les utilisateurs peuvent obtenir objectivement les valeurs de couleurs qui correspondent parfaitement à la perception visuelle de ces couleurs. La fonction "Illuminant personnalisé" élimine le problème de repoduction du D50 approximatives générées par les cabines de visualisation. Cette fonction n'est bien sûr pas limitée aux simulateurs de D50, mais elle est également utile pour obtenir des correspondances de couleurs pour des conditions de lumière "sur site" ou pour des présentations commerciales.

Les deux méthodes partent du principe que la longueur d'onde d'excitation et la longueur d'onde d'émission des azurants optiques utilisés dans les papiers ne varient pas. Cette hypothèse est valable mais seul Konica Minolta a construit un équipement de mesure disponible dans le commerce pour déterminer les caractéristiques exactes de cette classe d'azurants (CM 3800d).

Comme l'étalonnage UV des instruments MYIRO n'est pas fixé au D50 (par exemple D65 peut également être utilisé), les valeurs mesurées avec un MYIRO présentent une très bonne corrélation avec les instruments utilisés dans l'industrie du papier, bien que la géométrie de l'instrument soit différente.

Conclusion

La technologie Virtual Fluorescence Standard* présente de sérieux avantages par rapport aux autres méthodes décrites dans cet article et mises en œuvre dans la pratique. En bref, ces avantages sont les suivants

  • Mesures stables et contrôlées
  • Possibilité d'utiliser des sources lumineuses réelles comme illuminant de référence
  • Traçabilité par rapport à un appareil de mesure bi-spectral (CM-3800d)
  • Possibilité d'obtenir des valeurs en corrélation avec les instruments utilisés dans l'industrie du papier.

*La technologie Virtual Fluorescence Standard est un brevet Konica Minolta.